Du 15 au 17 septembre aura lieu la 14ème édition du Grand Prix de Formule 1 de Singapour : un événement contribuant à la renommée et à l’économie de Singapour, mais apportant aussi quelques inconvénients aux habitants de l’ile.
La reine des compétitions automobiles
La Formule 1 est la discipline de sport automobile considérée comme la plus importante. Chaque année depuis 1950, un championnat mondial des pilotes est organisé, complété depuis 1958 par un championnat mondial des constructeurs automobiles. Les années COVID ont été bien sûr chahutées. Ces championnats résultent d’une série de courses, les « Grands Prix », organisées tout au long de l’année dans divers pays. Chaque course donne lieu à une allocation de points aux dix premiers pilotes et aux constructeurs de leurs voitures : de 25 au premier à 1 au dixième. A la fin de l’année, on additionne les points pour déterminer les champions mondiaux (pilote et constructeur).
En 2022, il y a eu 22 Grands Prix, le champion des pilotes a été Max Verstrappen (belgo-néerlandais), et son écurie, Red Bull (Autriche), a été le champion des constructeurs. Du côté français, les deux pilotes, Esteban Ocon et Pierre Gasly ont été respectivement classés 8ème et 14ème sur 22, et le constructeur Alpine Renault est arrivé 4ème sur 10. En 2023, 23 Grands Prix sont prévus. Pour le moment, Max Verstrappen et son écurie Red Bull sont largement en tête. Les pilotes français sont 10ème et 12ème sur 21, et Alpine Renault est 6ème sur 10.
Ces compétitions donnent l’occasion aux constructeurs de démontrer leur savoir-faire et d’accroitre leur renommée, tout en les poussant à créer de nouveaux concepts qui pourront ensuite être étendues aux voitures de série. Cela concerne notamment l’aérodynamique (ailerons pour assurer une meilleure adhérence a la route), l’utilisation plus efficace des carburants, l’utilisation de nouveaux matériaux rendant les véhicules plus légers et plus solides (fibre de cabine et titane), le développement de la technologie hybride, la sécurité (appui-tête), les systèmes de freinage, et les pneus.
Mais pour que ces compétitions soient équilibrées et sures, la Fédération International de l’Automobile (FIA) établit des règles très détaillées (178 pages !) concernant les véhicules, qui sont des monoplaces. Ces règles, qui évoluent régulièrement en fonction de l’évolution technique et de l’expérience des courses (notamment les incidents ou accidents), couvrent tous les aspects du véhicule : dimensions, structure, poids, réservoir, cylindrée des moteurs, les systèmes électriques et de refroidissement, … Les circuits doivent aussi répondre à des normes de sécurité.
Les Grands Prix sont des grands événements qui attirent beaucoup de monde, et souvent du beau monde. Certains parfois moins intéressés par la course automobile que par le plaisir de se montrer et de rencontrer leurs semblables : ils ne reculent pas devant les dépenses nécessaires pour y participer (plus de 9000 SGD pour le seul accès VIP au Grand Prix de Singapour, sans compter l’hébergement et autres dépenses). Divers événements, dont des concerts, émaillent souvent les courses durant les temps morts. Les pays gagnent donc aussi à héberger ces Grands Prix, qui outre leur retombée économique, ajoutent à la renommée des pays.
Cependant, les considérations d’environnement ont amené a beaucoup à remettre en cause ces compétitions qui ne contribuent pas vraiment à la lutte contre le réchauffement climatique. Les constructeurs et les organisateurs ont bien fait quelques efforts pour réduire leur impact : par exemple, évolution vers les moteurs hybrides et réduction de la quantité de carburant embarquée côté constructeur, éclairage de la piste par lampes LED et alimentation du bâtiment F1 par des panneaux solaires à Singapour comme pays hôte. Il n’en reste pas moins que l’empreinte carbone de ces compétitions est significative, non seulement au niveau des courses elles-mêmes, mais aussi au niveau du transport des véhicules, des équipements, et des personnes qu’elles supposent. Par ailleurs, dans les pays, comme Monaco ou Singapour, où la piste traverse la ville, la course entraîne quelques inconvénients pour les habitants.
La Formule 1 à Singapour : une histoire pas si récente
Quand Singapour présente 2023 comme la 14ème édition du Grand Prix formule 1, il devrait préciser « de ce siècle ». En effet, il y a déjà eu 13 éditions du Grand Prix de Singapour entre 1961 et 1973 avec le but affiché de promouvoir le tourisme. Celles-ci se déroulaient sur un circuit temporaire de 4,8 km empruntant Upper Thomson Road et concernaient également les motos. Considérant le succès de cet événement, il fut un moment même envisagé de construire un circuit permanent. Mais la mortalité sur le circuit (sept accidents mortels en 11 ans) amena les autorités à mettre fin à ces compétitions. Ce n’est qu’en 2008 que les compétitions reprirent à Singapour, mais seulement pour les automobiles : ce Grand Prix s’est terminé par une victoire pour Renault.
Comme à Monaco, la course a lieu en plein centre-ville, y bloquant la circulation pour quelques jours. Le circuit long d’environ 5km se situe le long de Marina Bay et permet une vitesse maximum de 325 km/h. Cette année, la course comptant pour le championnat démarre le dimanche 17 septembre à 21h pour 2h ou 61 tours maximum. Les deux jours précédents sont consacrés aux essais et aux épreuves qualificatives qui ont lieu en fin d’après-midi (17h30-18h30) ou en soirée (21h00 -22h00) compte tenu de la température locale. Sur trois jours, cela ne fait donc que 6 heures d’activité automobile, ce qui laisse beaucoup de temps pour les autres activités qui se déroulent l’après-midi en dehors des temps de course dans l’enceinte du circuit. Cette année, 9 concerts sont prévus sur deux endroits différents du circuit.
Le cout de l’organisation de la course est d’environ est d’environ 150 millions de dollars, dont 60% est finance par le gouvernement, le reste étant financé par le principal sponsor, Singapore Airlines, et les autres bénéficiaires des retombées de l’événement (notamment les hôteliers). Par rapport à cela, les revenus générés par les spectateurs sont estimés à 130 millions de dollars, sans compter les droits de diffusion estimes à 70 millions de dollars. Par ailleurs, 90% de l’organisation est sous-traité à des entreprises singapouriennes. Tout cela rend l’événement très rentable pour le pays.
Dès la fin d’une compétition, commence la préparation de la suivante. Plus de 4000 personnes sont à l’œuvre pour préparer les installations temporaires de la course. Au mois de mai, tous les équipements d’infrastructures relatifs à la course (barrières, câbles, éclairage, …) sont sortis d’un local de stockage situé dans l’est de de l’île. Pendant 5 mois, cette infrastructure est progressivement mise en place, en minimisant autant que possible les perturbations pour la circulation et l’activité économique autour du circuit. Ainsi sont installés 1600 projecteurs, plus de 100 kilomètres de câble, et plus de 2500 barrières de sécurité. En outre, lors de l’événement, 400 volontaires sont recrutés pour permettre son déroulement sans encombre.
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